Celui que l’on a coutume de présenter comme l’ambassadeur de la guimbarde iakoute (le khomus), ayant été l’un des premiers artistes sakhas à se produire à l’étranger, s’est notamment fait connaître pour avoir composé la bande originale du film de BARTABAS, Chamane (1995).
Black n’Light est le quatrième disque solo de Spiridon SHISHIGIN, et plus que jamais, il fait montre de son immense virtuosité sur l’instrument, déployant divers procédés mélodiques et rythmiques avec la langue, les lèvres, la cavité buccale, la gorge, etc. La spécialité de Spiridon est une technique ancienne nommée le « jeu long », peu courue des jeunes guimbardistes, ce qui rend son art encore plus singulier.
Mais il ne faut surtout pas voir en Black n’Light un simple étalage de techniques. A l’instar de son compatriote ALEKSEYEV, SHISHIGIN est avant tout sensible aux effets provoqués sur l’âme humaine par les sons et les vibrations du khomus, et sa démarche artistique est aussi une impérieuse leçon de musicothérapie. Mais même pour un auditeur sain de corps, d’esprit et d’oreille, Black n’Light peut se révéler une expérience musicale au moins originale. Les dix morceaux consignés dans ce CD engendrent en effet une dimension sonore à l’inquiétante étrangeté rustique, peuplée de voix parlantes ou chantantes non avares en allusions animalières, et que l’on croirait même par moments trafiquées au vocoder. Ce n’est pas pour rien que le khomus est considéré comme un véhicule privilégié de communication entre les hommes et les esprits. C’est, avec le tambour, l’instrument chamanique par excellence.
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Janvier 2023
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